On en apprend à tout âge !

Patrick Lavoine

 

Dans les années 90, je fus l’heureux propriétaire d’un bar-tabac.
Et je ne m'attendais pas à ça ...

Situé dans un quartier populaire de Calais, la clientèle était composée de personnages aux parcours cabossés trainant des casseroles plus ou moins nombreuses.

Des gens ordinaires aux vies qui ne le furent pas, des gens dignes qui ne se confiaient pas au premier verre.

Ils m’ont tellement apporté.

Je me souviens de chacun d’entre eux ; Liliane, Jean-René, Marcel, Martine, Philippe, André, Maurice, Abdel et tant d'autres (les prénoms en O et A n’étaient pas très répandus). 

De patron de bistrot, je me transformais en assistant social, en prête plume administratif, en taxi et j’en passe.

En guise de remerciements ; de larges sourires, une soupe faite maison, des oignons du jardin ou encore un gâteau au chocolat.

Depuis, je n’ai jamais connu si belle rémunération.

Bernard dit "Johnny", un colosse aux cheveux peroxydés, tatoué de la tête aux pieds m'a particulièrement marqué.
Il n'était pas franchement pas une invitation au dialogue mais au fil du temps, je suis devenu son confident, me retrouvant régulièrement à le réconforter.

Il m'a souvent ému aux larmes.

Ce bonhomme, jamais je n’aurais pris la peine d’aller vers lui en d’autres circonstances.

Pour la plupart, ces "gens" ne font plus partie de ce monde.

J’espère qu’on leur a réservé un chouette petit coin ailleurs.

C’était impensable pour moi de ne pas leur donner une place importante dans mon bouquin.

Je pense à eux souvent, ils m’ont appris tout jeune que "se mettre à la place de" était bien plus enrichissant que "vouloir prendre la place de".

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